El refugio de Samaïpata

Publié par Léa Brun sur 3 Février 2016, 20:27pm

Catégories : #Interviews

À deux kilomètres du Village de Samaïpata se trouve un refuge animalier : El refugio de Samaïpata, un havre de paix pour animaux et passionnés. Il est tenu par Manu, arrivée de Suisse pour s'installer ici et y construire son projet.

Après une semaine de volontariat, je suis allée questionner Manu au sujet du refuge afin d'en savoir un peu plus…

Toucan toco (Ramphastos toco)

Manu a toujours vécu entourée d'animaux, et prendre soin d'eux est ça passion. Petit à petit un refuge a vu le jour et c'est depuis 2002 qu'à Samaïpata les animaux peuvent trouver un foyer où ils sont choyés et aimés.

À l'origine il y a eu Manu, et ensuite tous les autres : famille, amis, biologistes, bénévoles... le refuge est en perpétuelle évolution. Chacun y apporte ses idées, avec plus ou moins d'initiative.

Aujourd'hui on pourrait le comparer à une grande famille composée d'animaux et de volontaires. En d'autres mots, et selon Manu : "c'est l'endroit de tout le monde."

Nandou d'amerique (Rhea americana)

Le fait que le refuge ne soit pas une association ne l'empêche pas de mener une action tout aussi importante, nécessaire et réglementée.

Pour assurer le bon fonctionnement, 3 à 5 volontaires minimum sont nécessaires. Mais cet endroit ne manque jamais de bras, et même souvent prévu plusieurs mois d'avance (réservé de janvier à mars 2016) !

"Il y a de l'intérêt, se qui donne plaisir à continuer."

Apelles (Cebus apella)

Le volontariat :

Ici, tout est basé sur le principe d'échange. Les repas et le logement contre ton travail dans le parc. Il est demandé 8 heures de travail par jour, 6 jours sur 7.

La journée s'organise de la manière suivante :
- 7h30 : petit déjeuner.
- 8h : chacun à sa tache, suivant le planing : découpage des fruits, nettoyage des cages, faire à manger aux chiens et nettoyer l'enclos, nourir et changer l'eau des animaux.
-10h : jardinage, entretien, construction, peinture... et à tout moment assistance aux visiteurs. Un des volontaires est préposé à la préparation du repas du midi.
-12h/12h30 : repas communautaire végétarien.
- 14h : travail dans le parc et assistance aux visiteurs.
- 16h30 : nourrir les animaux de l'après midi et les carnivores nocturnes.
-18h : fin de la journée !

Local pour la préparation des repas

D'où proviennent les animaux ?

Une partie provient des familles qui ne peuvent plus s'en occuper, par exemple à la mort du propriétaire ou lorsque les enfants partent en études. Une autre partie est issue du trafic. Encore aujourd'hui, des ventes illégales d'animaux ont lieu sur les ronds points à la sortie des villes (des perroquets notamment). Dans cette région de la Bolivie c'est la préfecture de Santa Cruz qui contrôle la vente d'animaux protégés puis contact le refuge afin de leur trouver un endroit où vivre.

Malheureusement le refuge se doit de refuser certaine espèce telle que le jaguar par manque de place.

Amazone à front bleu (Amazona aestiva)

Au sujet des réintroductions :

Selon la loi bolivienne, il est interdit de relâcher des animaux captifs dans la nature. À ce sujet, la loi peut sembler très rigide mais dans un même temps protège les espèces sauvages des maladies ou infections pouvant se propager à partir d'un animal ayant été en contact avec l'homme. Évidemment, des réintroductions ont quand même lieu. Pour se faire, une longue et rigoureuse démarche administrative doit être effectuée ainsi que différentes analyses de l'animal en question. Aussi, les réintroductions sont souvent très délicates. L'animal en captivité a bien souvent une alimentation différente qu'en liberté. Le contact avec l'homme le rend moins sauvages, moins craintif et le fait se rapprocher de trop près des habitations humaines.
À titre d'exemple, la peau d’un des chats sauvages relâchés a été reconnue sur un marché. Il se nourrissait des poules d'un paysan du secteur qui n'a pas hésité longtemps pour la survie de ses gallinacés.

Llama loca y furiosa

En réalité, il est difficile de dire si l'animal, une fois remis en liberté, est heureux ou non. La perte du contact humain peut être mal vécue par l’animal. Au refuge, ils se sont aperçus après la réintroduction d'un singe araignée, qu'il avait tendance à se rapprocher des habitations. Ils ont alors dû le relacher à plusieurs reprises, un peu plus loin à chaque fois, jusqu'à se que l'on n'entende plus parler de lui. Cela laisse penser qu'il recherchait le contact humain auquel il était habitué. De ce fait, on peut se demander s'il était réellement heureux ou non.

Bien sûr, certaines réintroductions ont connu un franc succès, comme pour les renards et les reptiles.

Dans tous les cas, “si un animal ne se sent pas bien ici, on ne le garde pas. On préfère lui donner sa chance de survivre par lui même ou bien alors de dépérir ailleurs que dans une cage.”

C'est le cas par exemple des paresseux qui ont une alimentation très spéciale.

Cheetah, le singe hurleur de la maison

Cependant, le rôle du refuge de Samaïpata ne s'arrête pas aux soins et aux réintroductions des animaux. L'une des autres de ses volontés est d'éduquer et sensibiliser les visiteurs du parc. Il est important de prendre le temps d’expliquer la démarche dans laquelle le refuge s'inscrit et que les animaux sauvages ne sont ni des marchandises, ni des animaux de compagnie. Et comme c'est dès le plus jeune âge qu'il est impératif d'intégrer ces notions, ce sont toutes les écoles de Samaïpata (7 au total) qui organisent des journées au refuge pour les enfants.

Uno de los gatos

Financièrement, comment le refuge tient-il debout ?

Manu réalise des bijoux artisanaux qui sont en vente à la réception. De très c'est belles pièces et du travail de qualité ! Il y a également une chambre très confortable à louer, avec baño privado (salle de bain), TV et DVD pour 200$ le mois, en participant au volontariat ou non. De temps à autres des balades à cheval sont aussi proposées. Enfin, les quelques donations ainsi qu'une rente personnelle aide à garder le cap. Ce qui est sûr, c'est qu'une fois encore, il ne faut pas compter sur les subventions de la part du gouvernement ou de la ville.

Les frais vétérinaires sont les plus onéreux, souvent difficiles à prévoir et à sortir. Mais la collaboration avec des vétérinaires leur permet de s'en sortir pour moindre coût.

Lors de notre passage au refuge, nous avons participé à la fin de la construction d'une cage pour 5 nouveaux arrivants : des singes capucins. Cette dernière à été entièrement financée par deux vétérinaires de Santa Cruz qui ont fermé leur refuge mais s'investissent financièrement et logistiquement pour le bien être des animaux.